Le ban des utopies
Marguerite Pilven, février 2011
Sur une invitation du centre de photographie de Lectoure, le photographe Cyrille Weiner imagine un dispositif original d’exposition de ses images sous la forme d’une édition de carnets édités à 60 exemplaires. Accordant une place essentielle aux notions de nomadisme et de libre circulation du regard, cette installation fonctionne comme une mise en abîme de sa méthode de travail. Les visiteurs sont invités à s’éloigner du centre pour parcourir un sentier rural jusqu’au pigeonnier. A l’intérieur, dans les alvéoles, des piles de petits carnets ont été disposées. Un exemplaire ouvert sur un lutrin dévoile une suite d’images montées sur une bande de papier. Il symbolise en ce sens l’idée de cheminement, de passage d’un lieu vers un autre. Prélevées dans des séries réalisées en des endroits différents, les images ne suivent aucune chronologie. Leur rapprochement s’apparenterait plutôt à la démarche d’un collectionneur rassemblant des pièces rares pour les protéger de la dispersion et de l’oubli. Sur les murs du pigeonnier, de grands tirages photographiques se lisent comme des allégories de recherche d’un ailleurs. Un homme regarde par un hublot, une jeune fille sort par la fenêtre d’un bâtiment désaffecté…En un écho formel, les alvéoles apparaissent comme autant de petites fenêtres ouvertes sur l’extérieur, des points de contact fertiles entre le dedans et le dehors, notre intériorité et le monde.